COVID-19 : la charge virale des tests positifs et la baisse de leur taux devraient nous rassurer
- Delisle
- 4 oct. 2020
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 14 janv. 2021

Comme les tests en mode binaire (positif ou négatif) ne prennent pas en compte la charge virale, nous ne devrions pas nous alarmer qu’il y ait davantage de cas positifs, l’indicateur le plus fiable pour évaluer la dangerosité de la COVID-19 demeurant les décès, et leur nombre reste bas depuis plusieurs semaines.
Actuellement, il existe plus de trente tests pour dépister cette affection et certains sont si efficaces qu’ils arrivent à détecter un seul microorganisme du virus dans un échantillonnage d’un microlitre (1 mm cube) alors qu’on pourrait en retrouver plus de 100 millions (ici, les pathologies seraient sérieuses). On appelle ça le seuil d’amplification.
Selon le professeur Toussaint (qui cite une étude scientifique de la prestigieuse université Harvard), 90 % des cas positifs ne sont pas transmetteurs de la maladie et pour le 10 % qui l’est, la gravité et la transmissibilité sont très variables d’un sujet infecté à l’autre.
(Jean-François Toussaint est professeur de physiologie de l’Université Paris-Descartes et directeur de l’IRMES, Institut de recherche biomédicale et d’épidémiologie du sport à l’INSEP, ancien membre du Haut Conseil de la santé publique. Son expertise est très sollicitée en ce moment par les plateaux d'information en France.)

De plus, nous devrions tenir compte du fait que les séquences décelées pourraient ne pas correspondre précisément à ce type de coronavirus.
Par exemple :
« On a diagnostiqué sur la semaine dernière à peu près 6 000 tests positifs par jour, dont 4 500 sont potentiellement une erreur d’ARN viral. » Pr Jean-François Toussaint, lors d’une entrevue tenue le 11 septembre.
Ce qui change énormément la donne puisque les cas attribuables à un autre type de coronavirus représentent 75 % des tests positifs.
AU QUÉBEC
En date du 3 octobre, on compte 77 380 tests positifs (sur 2 427 921) et 5 867 décès depuis le début de la pandémie.
Afin de comparer l'évolution de ces chiffres, voici ceux du 3 septembre :
62 933 tests positifs (sur 1 138 059 tests) et 5 767 décès.
Comme on ne nous fournit pas les décès par coronavirus des années précédentes, il m'apparaît logique d'employer le même taux pour les tests positifs que propose l'étude de l'université Harvard, soit 25 %, pour en extraire les 6 autres types de coronavirus des 5 867 décès, ce qui donne un total de 1 467 mortalités attribuables à la COVID-19 depuis le début de la pandémie pour un taux de décès de 0,017 % par rapport à la population.
On peut également constater qu'en 30 jours, 100 décès se sont ajoutés (tous types de coronavirus confondus) au décompte du 3 septembre, ce qui revient à 0,001 % ou 1 mortalité par 100 000 Québécois (sans perdre de vue la présence de comorbidités pour la majorité).
En 1 mois (considérant toujours l’étude de l’université Harvard qui est citée par le Pr Jean-François Toussaint) :
On a recensé 14 447 nouveaux cas positifs aux coronavirus, dont 10 835 (75 %) ne correspondent possiblement pas à la COVID-19.
Sur les 3 612 qu’on peut raisonnablement lui attribuer, seulement 361 (10 %) en sont transmetteurs à des degrés variables (de très faibles à très forts) sur une population de 8 574 571 habitants ;
Ce qui représente 0,004 21 %, c’est-à-dire 4,21 cas (plus ou moins transmetteurs dont la sévérité des pathologies fluctue également) pour 100 000 Québécois.
Autre fait encore plus intéressant à observer de ces chiffres : on enregistre une baisse significative (2.343) du taux de cas positifs depuis le dernier mois puisqu'en date du 3 octobre, 3.187 % des tests s'avèrent positifs contre 5.530 % au 3 septembre.
Pourtant, en point de presse du 29 septembre à Radio-Canada Information, notre premier ministre alarme la population afin de justifier ses nouvelles mesures sanitaires. Je le cite :
« Là on se retrouve dans une situation où il y a une deuxième vague, donc une vague qui est importante, une transmission communautaire qui est importante et ça se peut que ça revienne à quelques occasions, tant qu’on n’aura pas un vaccin. Il y a des possibilités qu’il y ait deux vagues, trois vagues, quatre vagues. »

Étant donné que la première vague a été évaluée sur les mortalités, je me questionne sérieusement sur son utilisation des termes « deuxième vague » sans qu'il ne tienne compte du fait qu'on dépiste davantage. Du 3 septembre au 3 octobre, on a effectué 1 289 862 tests, c'est plus que tous les autres mois réunis dont la somme se chiffre à 1 138 059. La montée des cas positifs est donc tout à fait normale, leur taux étant le facteur déterminant. Et tel que démontré précédemment, on observe qu'il diminue considérablement.
Je ne comprends pas pourquoi François Legault emploie cette expression trompeuse. Il pourrait du moins la relativiser.
Il n'y a pas de deuxième vague, le taux des cas positifs démontrant qu'il n'y a même pas de soubresaut, la situation s'améliorant. Au minimum, il devrait mentionner que le virus est beaucoup moins meurtrier et moins contagieux afin de rassurer la population qui est encore très secouée par la commotion du printemps. N'est-ce pas là son rôle ?
Au contraire, il demande aux personnes qui ont combattu cette maladie d’attester de sa gravité dans le but avoué de maintenir la crainte de la population afin qu’elle obtempère à ses mesures sanitaires. Les témoignages de cas de complications vécus lorsqu’elle était à son plus intense risquent pourtant de desservir la population qui semble ignorer à quel point la situation a changé.
Il est vrai qu'en faisant cette mise au point, il ne pourrait pas justifier le resserrement récent de ses mesures sanitaires.
L'étude de l'université Harvard publiée au début de septembre rappelle qu’une surdiagnostiquation mène à des mesures sanitaires inappropriées. Je la cite :
« Si les tests sont trop sensibles, nous courons à la catastrophe. »
Par conséquent, la population québécoise aurait avantage à ce que son premier ministre s’ajuste à la réalité, car comme l’explique le Pr Toussaint en parlant de la charge virale :
« ... ça change tout sur le plan de la stratégie de santé publique. »
Dans les circonstances actuelles, tenir à ce point à changer la façon de vivre des Québécois en cultivant la peur en attendant la vaccination me semble malsain et abusif. Étant donné la manière dont notre premier ministre gère désormais son pouvoir extraordinaire, il m’apparait essentiel pour la suite des choses que nous revenions à une gouvernance usuelle.
Les coronavirus sont très bien connus du monde médical et ne sont pas près de s’éteindre, vaccins ou pas. (Comme les tests détectent également les 6 autres types, n’est-ce pas insensé de ne pas en tenir compte ?) Ce sont des virus de rhumes, donc saisonniers, qui dégénèrent rarement en pneumonies. Étant donné que leur dernier né (qui était extrêmement préoccupant à ses débuts puisqu’il était à son plus fort) s’est énormément affaibli et que des médicaments existent déjà pour le soigner, il n’y a plus lieu de le craindre autant. Bien sûr, la prudence reste de mise pour les personnes qui sont hautement contagieuses ou à risques élevés, comme pour tous types de virus d’ailleurs.
Aujourd’hui, les Québécois sont sensibilisés plus que jamais aux besoins des personnes fragiles. Ils sauront faire preuve de précautions.
La situation étant maîtrisée depuis plusieurs semaines, nous pouvons revenir graduellement à la vie normale, la bienveillance que nous nous portons les uns envers les autres devant désormais se préoccuper aussi des répercussions catastrophiques qu’ont les mesures austères sur bien des existences. L’objectif d’aplanir la courbe étant atteint depuis un bon moment déjà, il est grandement temps de prendre soin de ces laissés pour compte dont les rangs ne cessent de croître.
En attendant que M. Legault les prenne vraiment en considération, ainsi que la charge virale et la baisse du taux de cas positifs, il nous incombe de mieux nous renseigner en ouvrant l’œil et en tendant l’oreille en dehors des grands médias (sans pour autant les bannir, bien évidemment) afin d’avoir un portrait plus juste de la situation. Comme certaines plateformes médiatiques françaises sont beaucoup plus actives que les nôtres pour contextualiser les statistiques et les différents impacts de la COVID-19, je pense que nous avons tout intérêt à porter notre attention sur eux, du moins pour un moment.
Ils ne sont pas les seuls, d’ailleurs. Les scientifiques à travers le monde informent de plus en plus les populations. Grâce à eux, les gouvernements, les grands médias et les réseaux sociaux n’auront bientôt plus d’autres choix que d’en tenir compte.
Quand j’envisage ce point de bascule, je ne peux que me sentir rassurée !
Les renseignements à propos des tests pour dépister le SARS-COV 2, communément appelé COVID-19, sont tirés d’une entrevue sur le plateau de LCI avec le Pr Jean-François Toussaint. Si vous souhaitez y accéder pour en apprendre davantage sur le sujet, par ici.
Note : ce billet est en complément à mon précédent, COVID-19 : être positif à un virus ne veut pas dire qu’il est actif et dangereux. N'est-ce pas ?, dans lequel je survole avec pragmatisme la gestion des statistiques, la façon dont sont comptabilisés les décès, les coronavirus, le comportement de certains virus, la mutation de la COVID-19 et l'impact des mesures sanitaires afin de mieux comprendre la situation.

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